vendredi 21 août 2015

Milan 2015 - le FOND

2nd article sur ma visite pendant 2 jours à l'exposition universelle de Milan 2015. Le thème "nourrir la planète". Vous pensez bien que cela m'a intéressé d'y aller.



Dans cette seconde partie, je vais traiter du fond, enfin de ma perception, sur le thème de cette expo. Le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a du bon, du très bon et du vraiment nul. N'étant pas un guide touristique, encore plus sur ce 2nd message, je vais donc passer sur les choses sans intérêt.




Restons encore un peu superficiel. J'ai pas mal lu d'articles sur l'expo, avant et après ma visite, et je ne partage pas totalement certains jugements. Oui, les pays font de la pub pour eux. Oui, il y a un peu, voir beaucoup de manipulation sur les messages sélectionnés. Oui, c'est commercial. Et alors ? Est-ce que cela empêche de venir, de voir, de profiter, d'allumer son cerveau ?





Nourrir le visiteur...


En premier lieu, la présence de marques emblématiques comme Mac Do, Coca, Magnum, Ferrero, etc... Ben "nourrir la planète", cela commence par nourrir le visiteur qui n'aura pas eu l'envie (ou les finances) d'aller goûter du "EatItaly".

Ceci dit, le pavillon Égyptien nous a régalés pas cher avec le sourire et le stand indien nous a régalés avec un peu de foutage de g* sur l'accueil.
Le stand vietnamien nous aurait assommés par sa tarification si on avait succombé et le stand thaï a joué l'efficacité qui nous a aussi faits passer notre chemin. On termine dans un supermarché, avec des plats sous blister qu'on achète puis une armada de micro ondes pour consommer sur place...

Nourrir la planète, cela commence par cette réalité. Un plat préparé coûte en général cher ou alors il est + ou - "industriel". De Mac Do à l'Egypte on mange dans du plastique, quelques fois du carton et uniquement pour le folklore dans du bambou. Que ce soit à l'expo ou ailleurs, c'est ainsi. L'expo permet de découvrir des cuisines et c'est quand même les belges avec leurs frites congelées et les sauces en pot plastique (les 24 parfums comme au Kébab...) qui font le plus gros pied de nez.

Conclusion pour bien manger, pas cher, il faut cuisiner...Je reconnais que cela ne nécessitait pas d'aller là-bas pour s'en rendre compte. Mais j'avoue que je ne suis pas allé à l'expo avec mon réchaud, ma casserole, etc...

Nourrir la planète


La plupart des pavillons n'ont pas traité le fond... Du tout. Ils ont été vaguement écolos, voire pas du tout. Autant assumer jusqu'au bout que le thème on s'en fout. Cela ne veut pas dire que le pavillon est sans intérêt (je cite Vanke, il m'a plu!).

A partir du thème principal sont apparues deux façons d'aborder le sujet : par le biais de l'agriculture ou de l'alimentation.

Les pays ayant opté pour la première thématique ont plutôt manifesté leurs volontés productivistes, sans témoigner de considérations à l'égard des conséquences alimentaires.

Pour le dire autrement, comment on fait pour cultiver ? qu'est ce que l'on mange ?


2 modèles qui s'affrontent

D'un coté, on trouve une agriculture qui prône sa puissance, en tonnage économique ou technologique. Elle gomme les inconvénients de sa méthode et met en avant le fait qu'elle à la prétention et les capacités de nourrir la planète. Je ne partage pas cette philosophie mais il faut reconnaître que cette approche n'est pas aberrante dans un monde économique. Nourrissons le monde et le reste viendra ensuite (ou pas).

De l'autre, une réflexion plus poussée sur l'alimentation, son équilibre nécessaire, sa localisation essentielle et la recherche de la qualité pour la préservation de notre santé, accompagnée si possible de celle de l'environnement. L'agriculture qui répond à ces principes alimentaires est évidemment distincte de la précédente.

Le mastodonte dans la première catégorie c'est le Brésil. En dehors de la partie jungle de la spectaculaire entrée, le reste est un ensemble de chiffres sur les hectares, les tonnages et les positions mondiales dans telle et telle production. Le Brésil assume et démontre son envie de nourrir la planète et le fait qu'il en a la capacité (mais à quel coût environnemental!).

Israël produit beaucoup moins mais ils jouent sur la technologie, en premier lieu de l'irrigation mais aussi l'hybridation. C'est un acteur très puissant mais là encore à quel prix, surtout politique...

De l'autre coté, le message principal c'est la variété. Pour nourrir la planète, il faut manger équilibré et pas partout pareil. C'est bon pour l'Homme, pour la planète et très probablement pour les aspects géopolitiques.

La France et La Corée du sud  traitent admirablement le sujet (Ne pas rater la Corée à qui j'ai emprunté les photos des 4 hommes qui mangent). Cela peut sembler une évidence mais 30 lignes plus haut, on parle de MacDo and  co et 10 lignes au dessus du Brésil qui eux prônent exactement le contraire avec le succès auprès des consommateurs  à la fois d'une agriculture importée et standardisée.

La tendance actuelle n'est pas la bonne; on mange de plus en plus tous pareil. C'est une erreur sur de très nombreux points.  Diversité de l'alimentation =
- équilibre alimentaire (santé de l'homme)
- adaptation au terroir (terre, climat, variétés) et donc bio diversité
- Ressources  préservées (ne pas nourrir  tout le monde avec l'hamburger, pas assez de ressources)
- agriculture locale (=moins de co2), plus d'emploi et moindre vulnérabilité aux aléas climatiques

De façon discrète on le trouve dans les tout petits pavillons; d'Afrique tout particulièrement. Ils montrent ce qu'est leur alimentation, ou était car l'Afrique bascule vers le riz (sélectionné) et le blé; délaissant pour des raisons économiques leurs cultures ancestrales, tout aussi nutritives et adaptées à leur sols. Cela à cause de la politique agricole Chinoise, Brésilienne et Européenne!!

Sur la qualité, j'ai beaucoup aimé le pavillon de l'Irlande. Leur démarche est intéressante. Toutes les fermes sont inspectées tous les 3 ans et on détermine les choses qui doivent être améliorées. Accompagnement et amélioration. Tout est traçable et vérifiable. Bien sûr c'est un petit pays agricole mais à l'échelle de l'Europe, il apparaît comme une piste à suivre.

La France

Revenons 2 secondes à la France. Si la baguette fleure bon le terroir et fait recette (y compris à l'expo), le message est bien éloigné de la réalité que l'on vit aujourd’hui.

La politique agricole française est identique à celle du Brésil. On fait de la monoculture, (ou élevage), intensif (on est pas les pires coté élevage). On est bloqué sur le mode "nourrir les Français" d'après guerre; cela craque de partout mais à l'expo on réussit le grand écart de parler qualité, diversité; on se croirait à la confédération paysanne alors que sur le terrain....


Gros bravo à la France à Milan pour les 50 mètres devant le pavillon. C'est un potager (et un peu plus). Il est très beau, et en plus, il sert pour le restaurant "gastro". Quand nous y étions, avec les quasi 40°, bravo! Je peux vous dire que des cultures cramées on en a vu dans le secteur céréales,  riz etc.




J'invite Mr Le Foll a insufflé à l'agriculture française le message que la France porte à l'expo!

Pour finir

Je n'ai pas fait tous les pavillons, Japon, Russie par exemple, je ne sais pas.

La Chine évite le sujet à mon avis. Je n'ai pas tout compris et soyons clair, j'ai été déçu par leur pavillon. La Chine est clairement dans la catégorie du lourd et de nourrir la planète coûte que coûte. Sa politique en Afrique est plus que contestable (mais la notre ?). Elle nourrit la planète, mal, mais elle s'interroge.





Pour les USA, tout est dit avec leur panneau devant le pavillon!

L'Allemagne a un excellent stand mais plutôt sur l'écologie en général, l'impact alimentaire est très bien représenté. C'est éducatif. Ils démontrent aussi toute la transition écologique en cours chez eux. Ce ne sont pas des discours mais on voit leur solutions, mises en place. Je ne suis pas naïf, rien sur leurs fermes usines mais ne soyons pas binaires. L'Allemagne bouge, essaye, fait assurément des bêtises mais leur stand donne la patate, l'envie d'y croire. Sur la forme, comme sur le fond. Un pavillon à voir.

Le Maroc est aussi le stand à voir. Il est très bien fait pour montrer à la fois comment le Maroc a créé une agriculture diversifiée, adaptée à son terroir et puissante sur certains secteurs. C'est clair et beau.




Le Kazakhstan ne doit pas être raté pour découvrir ce pays et ils ont une très belle expo sur les terres agricoles et les graines.

Coté graines, le conservatoire de graines présenté est aussi quelque chose de passionnant à voir. Comme les livres, enregistrements de cette diversité terrestre (et mise à mal par l'agriculture industrielle qui sélectionne et donc élimine) ou encore les fruits et légumes artificiels pour les
montrer, les étudier de façon plus palpable qu'un croquis. Cela rappelle que s'il faut nourrir la planète, la planète dispose (disposait?) de ressources, de diversité à ne pas oublier.


N'oublions pas le stand anglais, déjà cité car il traite le sujet d'une façon décalée, à l'anglaise. Les abeilles sont essentielles et leur santé n'est pas bonne!

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